mi cuerpa es un territorio de guerra

Performance, 2018-2019
Première présentation pour Tortilla par Traicion, Mexico City, 2018
Deuxième présentation pour l’anniversaire de l’ex-usine de farine, Mexico City, 2019
Troisième présentation éditée pour le Festival Prohibido, Guadalajara, 2019

Cette performance aborde des questions de genre qui m’ont beaucoup tourmenté.e lorsque j’ai créé cette pièce. J’arrivais avec des vêtements et des mouvements codés comme masculins, interagissant avec le public. Ma voix off par-dessus la musique parlait d’être perçu.e comme un homme, de n’avoir jamais voulu être une femme, mais de me sentir en conflit avec ma masculinité à cause de ma haine du patriarcat. Alors que je commençais à parler de dysphorie spécifique au fait d’être queer ou non-binaire, j’enlevais mes vêtements masculins et j’étais en lingerie avec des talons hauts. Je commençais alors une performance de séduction et de sensualité tandis que ma voix off parlait des façons dont je m’identifie à ma féminité, qui sont socialement mauvaises (trop forte, sexuelle, intelligente, dramatique et féministe). J’invitais une femme du public à s’asseoir sur ma chaise et lui faisais un lap dance. Ensuite, j’utilisais ma voix pour parler en direct de mon corps qui est un territoire de guerre, enlevant tous mes vêtements pour être en culotte. Je racontais alors des violences sexuelles que j’ai subies, marquant mon corps avec un stylo avec chaque histoire. Je racontais comment je me suis senti coupable plusieurs fois, mais je déclarais que ce n’était pas ma faute, que ce n’était jamais ma faute, et que ce n’était pas votre faute, ce n’est jamais notre faute. Je prenais les chandelles rouges que j’avais allumées avant la représentation et versais la cire sur mon corps, disant qu’elle brûlait la culpabilité et que mon corps était ma révolution.

Ce fut pour moi une performance cathartique, permettant au public de vivre sa catharsis à travers moi. Toute cette performance questionne les normes de genre dans lesquelles nous grandissons sans nous en rendre compte ; Comment les femmes peuvent-elles être des sujets sexuels et profiter pleinement de leur sexualité ? Comment pouvons-nous être des hommes trans, des personnes trans-masculines ou des personnes non-binaires alors que nous avons vécu tellement de violences sexistes en étant socialisés en tant que filles ? Comment les violences sexuelles transforment-elles notre corporalité ? Comment peut-on être désiré.e.s en étant androgyne ? Quelles sont les intersections du genre en tant que régime politique et de l’identité de genre ?